Une plante pour l’hygiène bucco-dentaire sans déséquilibrer le biofilm oral protecteur. Un produit végétal biodégradable dans l’environnement.
Solidago virgaurea : un extrait de plante ciblé contre la filamentation de Candida albicans pour diminuer les dépôts microbiens dans la bouche. Etude randomisée en double aveugle versus placebo.
Antibiotics (Basel). 2020 Mar 25;9(4).
Contexte
Le microbiome oral joue un rôle important sur la santé buccodentaire et il ne faut pas éradiquer avec des antiseptiques les bactéries et les champignons endogènes, qui font partie de la flore orale normale. Ces microbes forment un biofilm protecteur à la surface des dents et des muqueuses orales. Cependant, leur prolifération excessive doit être contrôlée, grâce aux soins quotidiens d’hygiène bucco-dentaire.
Candida albicans est un champignon microscopique très fréquent dans les bouches en bonne santé, sous forme de petites cellules rondes appelées « levures ». Quand les conditions deviennent défavorables à la santé bucco-dentaire (sécheresse buccale, immunodépression, corticoïdes, antibiotiques, etc.), C. albicans se transforme. Il grandit et s’allonge pour former des filaments, qui s’infiltrent dans les muqueuses orales et peuvent former des gros dépôts blancs dans la bouche.
Pour maintenir la santé orale, nous avons obtenue à partir d’une plante, Solidago virgaurea L. (SV), un extrait qui inhibe in vitro la filamentation et l’adhérence de C. albicans. Cet extrait a aussi un effet détergent, qui lui permet de diminuer l’épaisseur de biofilms formés de C. albicans et des bactéries de l’écosystème oral, en les détachant, sans diminuer la croissance fongique ou bactérienne.
Hypothèse scientifique
Dans des produits d’hygiène bucco-dentaire, l’extrait SV permettrait de diminuer l’épaisseur des dépôts microbiens dans la bouche, sans éradiquer totalement le biofilm oral protecteur, qui est invisible à l’oeil nu.
Etude clinique
Il s’agit d’une étude clinique en double aveugle vs contrôle, réalisée auprès d’adultes en bonne santé. Le protocole a été approuvé par le Reading Independent Ethics Committee (étude n° 212415, Woodley, U.K.). Le but de cette étude était d’évaluer in vivo l’efficacité de SV pour réduire la biomasse. Pour cela, nous avons testé un dentifrice fluoré contenant l’extrait SV (Bucovia™) à 0,3 % final vs dentifrice fluoré contrôle, sans SV. Soixante-six sujets (groupe SV n=33 vs témoin n=33) se sont brossé les dents deux fois par jour pendant une période de quatre semaines. Nous avons prélevé des échantillons de plaque dentaire supra-gingivale juste avant le début de l’étude (J0), puis après deux semaines d’utilisation (J14) et à la fin de l’étude, après quatre semaines d’utilisation (J28) des dentifrices expérimentaux. La charge bactérienne totale, C. albicans et sept espèces bactériennes représentatives de l’écosystème oral ont été quantifiés par qPCR à J0, J14 et J28.
Résultats
L’indice de plaque et l’indice gingival se sont améliorés dans les deux groupes. Dans le groupe témoin, la charge bactérienne totale a eu tendance à diminuer (ΔD0D28 p=0,062 et ΔD14D28 p=0,009). Par contre, dans le groupe « intervention », nous avons observé une diminution de la charge bactérienne totale (ΔD0D28 p=0,005 et ΔD14D28 p=0,026), ainsi qu’une diminution de Streptococcus mutans (ΔD0D14 p=0,024) et de C. albicans (ΔD0D28 p=0,022). Enfin, contrairement aux antiseptiques chimiques, comme le triclosan et la chlorhexidine par exemple, SV est un extrait végétal donc il est facilement biodégradable dans l’environnement.
Références